Les aliments artificiellement enrichis ou non font face à un phénomène croissant d’allégations pensant contre eux. D’un côté, les allégations nutritionnelles, qui font référence à la teneur d’un nutriment dans un aliment : « riche en calcium » ou « représente 40 % des apports journaliers recommandés en vitamine A ». De l’autre, les allégations de santé, qui font alors le lien entre un aliment et l’état de santé, souvent au travers d’un facteur de risque : « Les omégas 3 réduisent les risques cardio-vasculaires ».
Qu’indique la réglementation ?
En l’état actuel de la réglementation, aucune allégation ne peut comporter de mention thérapeutique indiquant que tel nutriment prévient une pathologie voire la guérit, comme « le calcium prévient l’ostéoporose ». Pour autant, la multiplication des allégations n’est pas sans poser problème. Un constat tout d’abord : « Présenter l’avantage de certains aliments, nutritionnels ou de bénéfices prétendus, n’est certes par inutile pour le consommateur. Mais uniquement pour ceux qui lisent les étiquettes, et il y en a peu ! », remarque Claude Jaffiol.
C’est l’Agence européenne de sécurité alimentaire (AESA) qui contrôle ces allégations et exige des preuves concrètes de la part des industries alimentaires sur leurs affirmations avant de les autoriser. Premier problème : l’agence européenne en a recensé plus de 4 000 dans toute l’UE. Un travail d’analyse titanesque qui prendra du temps.
Les zones d’ombre du profil nutritionnel
Autre difficulté : en étudiant les allégations aliment par aliment, le dispositif accréditerait « dans l’esprit du public l’idée selon laquelle l’équilibre alimentaire ne peut être atteint que par l’équilibre de chaque aliment », dans une « vision fractionnée de l’alimentation » que regrette l’Académie de médecine.
Cette dernière est enfin très sceptique sur la notion européenne de « profil nutritionnel » qui classe les aliments en fonctions de divers critères et notamment de leur composition nutritionnelle, conditionnant leurs accès aux allégations. « Il est difficile d’édicter des règles générales pour toute la population : mieux vaudrait, comme pour les médicaments, indiquer que le produit est recommandé pour tel type de consommateur et non pour tel autre, dans une logique avantages/inconvénients », plaide Claude Jaffiol.
Avant d’admettre rapidement que « cela risque d’être très mal perçu par les industriels… »